photo-secession

Un Yzerois Franco-Américan Paul Burty-Haviland (1880-1950)

Paul Burty-Haviland au Mount Kisco, New York

Paul Burty-Haviland au Mount Kisco, New York

A New York entre 1899 et 1915, Paul Burty-Haviland devient un membre majeur du groupe pictorialiste Photo – Sessecion. Ami intime d’Alfred Stieglitz, il est son allié dans son combat pour la reconnaissance de la photographie comme art à part entière. 

Dans sa quête de perfection esthétique, il créa d’exceptionnels tirages argentiques, des épreuves au platine et d’étonnants cyanotypes, dont les floues, typiques du pictorialisme, viennent accentuer le mystère et la beauté des modèles.

Paul Burty-Haviland au travaille

Paul Burty-Haviland au travaille

Au delà de son rôle de pionnier dans la photographie pictorialiste américaine, Paul Burty-Haviland a apporté sa contribution dans l’enracinement de l’art moderne aux Etats-Unis, notamment en soutenant la Galerie 291 d’Alfred Stieglitz et en collectionnant personnellement les œuvres d’avant-garde.

Paul Burty-Haviland naît à Paris en 1880. Il est le fil de Madeleine Burty et de l’américain Charles Haviland, lequel a construit un empire industriel de la porcelaine à Limoges.

Par son grandpère Philippe Burty, celèbre critique et collectionneur ainsi que par son père qui reçoit dans son « studio » d’Auteuil, Paul Haviland évolue dans le monde de l’art depuis son enfance. Renoir peint son portrait à 4 ans, en 1884. Il rencontre les amis artistes de son père, Félix Bracquemond, Albert Dammouse et Ernest Chaplet. 

jeune Paul Haviland peint par August Renoir

jeune Paul Haviland peint par August Renoir

En 1905, ouvre à New York la Galerie 291 d’Alfred Stieglitz que Paul et son frère Franck fréquentent régulièrement. Ce n’est qu’en janvier 1908 qu’il rencontre Stieglitz au cours de la première exposition de dessins de Rodin à New York. Paul apprend alors que la Galerie 291 connaît des difficultés financières, il va secourir son nouvel ami en devenant son mécène. Une amitié très forte nait entre les deux hommes. En janvier 1909, Paul signe son premier article dans « Camera Work » et en octobre il y publie sa première photographie. En 1910, il devient le rédacteur en chef de la revue. « Camera Work » portfolio créé par Stieglitz, réunit les plus grands photographes pictorialistes. Paul Burty-Haviland apparaît dès lors comme une figure incontournable du groupe Photo – Sécession.

New York au soir

New York au soir

En 1907, Paul rencontre Marius de Zayas avec qui il se lie d’amitié. Ils vont travailler ensemble pour redynamiser la galerie 291. En 1913, ils publient un essai sur l’art moderne, à l’occasion de l’Armory Show où il rencontre Francis Picabia. Zayas et Haviland vont beaucoup voyager ensemble, notamment en France et au Mexique où il découvre l’art précolombien qu’il collectionnera.

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L’implication de Paul dans ce groupe et l’influence de la photographie ne sont pas sans conséquences sur la bonne marche des affaires de la société Havilland & Co. Son père furieux du désintérêt de son ls, et très inquiet des résultats du bilan financier, l’oblige à rentrer en France de toute urgence et le fait remplacer à la tête de l’entreprise.

De retour en France en juillet 1915, mis à l’écart des affaires familiales, Paul Haviland se passionne pour la Creuse. Il loue une maison-atelier à Crozant et réalise de nombreuses prises de vue. Il rencontre Paul Guillaumin qu’il photographie devant son chevalet ainsi que Suzanne,  fille de René Lalique qu’il épousera en 1917. Son beau père lui confie la réorganisation de ses usines de verrerie. Maintenant, Paul a un rôle créatif important au sein de l’entreprise Lalique. Il est à l’origine de nouveaux thèmes, comme l’introduction de l’art précolombien et mexicain dans l’esthétique de la célèbre maison.


Suzanne Lalique et Paul Burty-Haviland

Suzanne Lalique et Paul Burty-Haviland

En 1929, année de la crise boursière, Paul perd une partie de sa fortune. Il se voit donc contraint de vendre une grande partie de ses collections. Pour des questions financières, il se lance dans la photographie commerciale. Il réalise un catalogue des peintures de sa femme ainsi qu’un ouvrage répertoriant toutes les verreries Lalique. En 1935, Paul Burty-Haviland s’installe dans une ferme en Touraine, le XVIIIème siécle Prieuré de la Mothe. Outre l’activité viticole qu’il met en place, il se tourne vers sa passion pour l’astrologie et la graphologie. Paul Burty Haviland est décédé en 1950 et est enterré au cimetiere d’Yzeures-sur-Creuse. Ses archives photographiques se trouvent au musée d'Orsay à Paris.

cimetière d’Yzeures-sur-Creuse

cimetière d’Yzeures-sur-Creuse

Une grande partie de l’œuvre de Paul Burty-Haviland est constituée de portraits. Pour autant, le photographe ne laisse rien au hasard et peut réaliser des dizaines de tirages d’un même sujet par souci de perfection absolue. Paul joue avec les clairs obscurs, ses contrastes de lumière sont très puissants, mettant en valeur les figures énigmatiques qu’il capture. Florence Peterson est l’un des modèles préférés de l’artiste. La lumière y était également tamisée par des stores à moitié fermés. L’effet floue souvent présent dans les photographies accentuent le côté mystérieux et la beauté des modèles.

Des références japonisantes se retrouvent parfois dans ses clichés. Elles sont l’héritage de son grand père, Philippe Burty, qui a introduit le japonisme dans les arts décoratifs français.